"Le muguet est très en retard cette année. Nous avons commencé à en cueillir quelques brins mercredi mais nous arrêtons la récolte jeudi car seulement 10% des brins sont mûrs contre 30 à 40% habituellement lors du premier ramassage", raconte à l'AFP René Choimet, maraîcher à Saint-Julien-de-Concelles.
"Les conditions climatiques sont responsables de ce retard. Ces derniers jours le temps était couvert, ponctué d'averses de grêle, de nuits froides et de journées fraiches (17°). Nous attendons avec impatience les rayons de soleil qui le feront mûrir. Nous sommes prêts à travailler jour et nuit pour que le muguet garnisse avant la fête du Travail les étals de nos clients lillois, marseillais ou parisiens", poursuit M. Choimet.
Le temps du muguet commence en fait dix jours avant la date fatidique du 1er mai. Dans les serres et les champs nantais, les horticulteurs, épaulés l'an dernier par 7.500 salariés temporaires, commencent à partir du 20 avril à le cueillir.
Les brins sont alors entreposés dans des chambres froides avant d'être livrés 3 ou 4 jours avant la fête du Travail à Rungis ou aux autres grands marchés français. Patrick Vernon, conseiller du Comité départemental du développement maraîcher nantais, constate également un léger retard dans la cueillette, mais il reste optimiste. "Cette année le muguet sera beau avec des hampes florales très grosses, riches de 6 à 18-20 clochettes selon les qualités", explique-t-il.
M. Vernon se refuse à faire le moindre pronostic sur les prix. L'an dernier, le brin était proposé au détail entre 1 et 1,50 euro, un prix qui demeure stable depuis une dizaine d'années malgré l'augmentation des coûts à la production. "En fait il n'existe pas de prix moyen. Tout dépend de la qualité (extra, première et seconde catégorie) et de la présentation (brin, 3 ou 5 brins, pot, composition avec d'autres fleurs ou plantes)", explique l'Oniflhor.
Selon cet organisme interprofessionnel, les fleuristes traditionnels commercialisent un tiers du muguet coupé, les ambulants (vendeurs "sauvages" autorisés le 1er mai seulement à proposer le fruit de leur cueillette) plus de 40% et les grandes surfaces, 23,4%, ces dernières voyant leurs ventes augmenter régulièrement.
Le muguet cultivé provient à 85% des terres sablonneuses du pays nantais qui, sur une soixantaine d'hectares, regroupe une centaine de producteurs. En 30 ans, cette région a doublé sa production, passée d'une trentaine de millions de brins dans les années 70 à 58 millions en 2002. Depuis quelques années, une quinzaine de maraîchers bordelais se sont également lancés dans la culture autour de Martillac. En 2002, leur production portait sur 5,1 millions de brins contre 2,5 millions en 1998.
Originaire d'Europe centrale, le muguet est introduit au début du XXème siècle dans la région nantaise à partir de greffes originaires de l'est de la France. Il est cultivé sur un cycle de 4 à 5 ans avec deux premières années sans récolte. Emblême de la fête des travailleurs depuis 1907, le muguet connait son plein essor dans les années 50 avec l'instauration en 1947 de la fête légale du 1er mai. |